L’intelligence économique est une discipline incontournable mais demeure en recherche de sa place en Algérie. Dans ce pays en transition vers l’économie de marché, le premier défi réside dans la définition claire du modèle économique adopté. Libéraux ou socialistes, la dualité persiste encore aujourd’hui, entravant la pleine intégration de l’intelligence économique.
La longue période de transition vers une économie de marché, amorcée dans les années 80, soulève des interrogations légitimes. Plus de 30 ans après, la persistance de cette phase de changement suggère l’existence de résistances profondes. Face à cette situation, le besoin d’une approche intelligente se fait sentir, mettant en lumière le rôle crucial de l’intelligence économique dans la gestion de ces transformations.
Le deuxième défi pointe du doigt l’absence de clarté quant à l’adoption de l’intelligence économique comme outil de gouvernance. Qui, au sein des institutions algériennes, au début des années 2000 ou peut-être même un peu avant, a pris l’initiative de l’intégrer dans notre pays ? La Présidence de la République ? La Chefferie du Gouvernement ? L’implication des Ministères, tels que l’Enseignement Supérieur, l’Industrie, la Finance, ou l’Agriculture, reste encore floue. Une clarification de ces aspects est essentielle pour établir une base solide en faveur de l’intelligence économique.
Le troisième défi souligne l’importance de développer une intelligence économique ancrée dans la culture locale. Copier des modèles étrangers s’est avéré peu fructueux, comme en témoigne l’imitation du modèle français pendant plus de deux décennies. L’Algérie doit définir sa propre voie en matière d’intelligence économique, en s’appuyant sur des réussites passées qui restent encore à découvrir et à mettre en avant.
Par ailleurs, la question de la collecte de l’information, liée intrinsèquement à l’intelligence économique, requiert une attention particulière. Quelle a été la contribution des professionnels nationaux du renseignement dans l’émergence de la culture d’intelligence économique au sein des entreprises algériennes ? Une comparaison avec les pratiques des services de renseignement d’autres nations pourrait apporter des éclairages essentiels.
Enfin, la quête effrénée de l’intelligence économique en Algérie soulève une question cruciale : Pourquoi cet intérêt ? Est-ce une tendance mondiale à suivre aveuglément (effet de mode), ou une réelle nécessité pour l’avenir de la nation ? Cette interrogation mérite une réflexion approfondie, car la réponse influencera directement la manière dont l’Algérie envisage son parcours vers une intelligence économique éclairée.
En conclusion, l’Algérie se trouve à la croisée des chemins, confrontée à des défis complexes pour intégrer pleinement l’intelligence économique dans son paysage économique. Une démarche qui nécessite non seulement une vision claire et cohérente du modèle économique, mais aussi une adaptation judicieuse de l’intelligence économique à la réalité locale.
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