Je partage, avec vous aujourd’hui, quelques idées qui ont été développées au cours de mon intervention, le 29 septembre 2018 à l’École Supérieure Algérienne des Affaires (ESAA), dans le cadre d’un Forum sur le Droit Social en Algérie.
L’objectif premier de mon intervention était d’essayer de répondre à la question de savoir s’il était possible et raisonnable, dans l’Algérie d’aujourd’hui, d’évoquer la question du bien-être au travail et en même temps de réfléchir à cette problématique oh combien vitale, aussi bien pour l’entreprise que pour les employés.

Ma position est claire et sans équivoque sur cette problématique. La question du bien-être au travail doit être évoquée et prise en charge sérieusement aussi bien par le Top Management que par les cadres, salariés, employés et travailleurs et ce n’est aucunement un luxe. Il y a beaucoup de choses que l’on pourrait faire et sans que cela ne soit onéreux.
Toutefois, il est nécessaire aussi bien pour le Top Management que pour les cadres des entreprises de changer d’attitude, de se remettre en cause en matière de stratégie et de style de Management, de changer d’angle d’attaque et de vision. Certaines fonctions de l’entreprise doivent également être revues et corrigées et je pense en particulier à la fonction Ressources Humaines. Les RH doivent être à l’avant garde de l’introduction du bien-être en entreprise.
L’entreprise souhaite avoir des employés en bonne santé, qui s’absentent le moins possible pour finalement donner le meilleur d’eux-mêmes à son profit. Les employés souhaitent quant à eux être reconnus par leur employeur, rémunérés à leur juste valeur, évoluer dans un environnement sain, transparent et motivant, concilier vie privée et vie professionnelle. C’est dans ce contexte qu’interviennent les RH pour concilier les deux visions.
Par ailleurs, il faut bien comprendre et admettre que lorsqu’une contestation quelconque ou grève éclate au sein d’un secteur ou d’une entreprise, cela est tout simplement la preuve matérielle et irréfutable de l’échec du Management et pas autre chose. Donc la question du Management devra être examinée avec minutie.
La question du bien-être dans le monde professionnel peut être auditée sous trois angles. Le premier est le Top Management détenteur du pouvoir au sein de l’entreprise et qui a la possibilité de changer les choses. Le deuxième angle est celui de l’employé. Ce dernier n’est pas totalement démuni pour agir afin d’améliorer son propre bien-être, même s’il ne détient pas beaucoup de pouvoir au sein de l’entreprise. Je reviendrai en détail dans un autre article sur ce qu’il y a lieu de faire pour chacune des parties.

Les pouvoirs publics seront le troisième angle sur lequel on peut examiner la question du bien-être en entreprise. Les quelques chiffres qui suivent montrent sans équivoque que le mal-être coûte de l’argent au contribuable et cela devient alors une question de santé publique .
Le premier poste de dépense de la CNAS (Caisse Nationale des Assurances Sociales) concerne le remboursement des médicaments dont le coût est passé de 20 milliards de DA en 2000 à plus de 226 milliards de DA en 2018.
Parmi les médicaments remboursés par la CNAS, 54% concernent le diabète et l’hypertension artérielle. Ces deux pathologies sont très présentes dans les milieux professionnels et ce sans oublier le reste des affections (AVC – Infarctus du myocarde – Dépression et Burnout). Cette situation a comme première conséquence une inquiétude bien justifiée des responsables de la CNAS quant à son équilibre financier.

Je préciserai également que le bien-être au travail n’a aucune frontière spatio-temporelle et n’est pas l’apanage des seuls grands de ce monde. Idem pour la mal-vie au sein de l’entreprise qui est devenue bien universelle. La question du bien-être en entreprise est une question qui demeure toujours ouverte, personne de par le monde n’a encore trouvé la parade idéale pour concilier les intérêts de l’entreprise avec ceux des employés et qui prétend le contraire est un affabulateur. Chaque entreprise est un cas particulier et chaque employé est également un cas unique dans sa constitution. Des pistes ont été trouvées, imaginées et sont en cours d’expérimentation et de validation.

Je dirais enfin et en guise de conclusion, que la dimension humaine de l’entreprise est au cœur de la problématique du bien-être et devra nécessairement s’exprimer à travers un Management bienveillant ou Soft Management .
(C) 2019 Labdi Abdeldjelil