Lors de mes nombreux échanges autour de la question de l’intelligence économique en Algérie, une question récurente revient à chaque fois avec insistance : Mr Labdi, est-ce que vous connaissez des cabinets de conseil algériens qui proposent des prestations d’intelligence économique aux entreprises ?
Ma réponse est alors immédiate et tranchante : Je n’en connais pas car il n’y en a pas tout simplement, du moins à ma connaissance.
En réalité, la demande de prestations en matière d’IE est inexistante en Algérie. Pas de besoins manifestes en IE et donc pas de cabinets pour y répondre.
Le chemin est encore long et semé d’embûches pour le développement de l’IE en Algérie.
Allant dans le même sens, une autre question que l’on pourrait se poser aussi serait : Est-ce qu’il y a en Algérie des entreprises qui recourent de manière formelle à une démarche d’intelligence économique ?
La réponse est également négative dans ce cas de figure et aucune entreprise en Algérie ne fonctionne avec une démarche formelle d’intelligence économique en consacrant une structure organique dédiée à l’intelligence économique.
Dans un écrit récent, j’ai essayé de répondre avec de nombreux détails à cette question. Si vous n’avez pas encore consulté cet article, je vous invite à le faire dans le lien ci-dessous :
Pratiques d’intelligence économique en Algérie
Pour remédier à tout cela, notre première urgence sera le modèle économique en cours en Algérie et qu’il faut revoir en profondeur.
Sommes-nous encore socialistes ou allons-nous vers une économie de marché ?
La chose qui est sûre est que les autorités Algériennes insistent toujours aujourd’hui sur le caractère social de l’état algérien et donc l’ambiguïté demeurera encore pour de nombreuses années. Analysez le contenu du discours officiel tenu par les plus hautes autorités du pays si vous n’êtes pas convaincu.
Et je précise et insiste sur le fait que je ne souhaite nullement que l’état Algérien se désengage totalement des questions sociales. Non, bien sûr. Ce que je demande c’est juste de maintenir l’action de l’état en faveur des personnes vulnérables mais de revoir la méthode d’intervention.
L’état Algérien subventionne de nombreux produits et services en direction de tous les Algériens et c’est cela qui n’est pas normal et sain. L’état devrait plutôt cibler de manière précise uniquement les personnes vulnérables. Cela peut être possible en recourant de manière intelligente aux nombreux outils technologiques.
Quelle est la part du privé (national et étranger) dans l’économie algérienne ?
L’état est le plus grand et (presque) l’unique investisseur en Algérie et cela est en soi un souci. Trop d’argent public circule dans l’écosystème Algérien et c’est donc un terrain favorable à la corruption.
Je signale aussi une autre bizarrerie économique Algérienne : Notre économie est financée exclusivement sur fonds propres et la part du crédit à l’économie est quasi-nul. L’Algérie refuse de s’endetter pour financer ses projets en raison d’une douloureuse expérience vécue les années 90 avec le FMI et la Banque Mondiale.
Nous tenons beaucoup à notre souveraineté en matière de « décisions stratégiques » mais est-ce que cela n’est pas plutôt une manière d’éviter une ingérence dans nos affaires, surtout lorsque nous faisons mal les choses et sommes alors dans des postures difficiles à défendre. N’oublions pas que notre pays a toujours développé une gouvernance basée sur la rente sur la base des recettes issues des hydrocarbures.
Quelle est la part de l’économie Algérienne dans l’économie mondiale ?
À l’exception des hydrocarbures, notre contribution à l’économie mondiale est presque inexistante. Cela est également une préoccupation d’une tout autre nature. L’économie Algérienne n’est malheureusement pas bien intégrée à l’économie mondiale. Notre seule contribution à l’économie mondiale reste les hydrocarbures et tout particulièrement le gaz.
Est-ce qu’il existe des domaines que nous pouvons développer en Algérie pour mieux nous insérer dans l’économie mondiale ?
Oui bien évidemment ! Agriculture, pêche et tout particulièrement l’agriculture saharienne – Tourisme – Énergies renouvelables (Solaire – Éolien – Hydrogène) – Fer et phosphates – Industries en général, industrie pharmaceutique en particulier et industries de transformation etc.
Je sais et je le sais ! Le contenu présenté à travers cet article peut être qualifié de négatif et non encourageant et je le comprends. Il faut admettre toutefois que c’est cela notre réalité qu’il faut commencer par accepter telle qu’elle est pour essayer ensuite d’améliorer ce qui pourrait l’être.
Soyons donc réalistes, nous avons énormément d’atouts et il faudra savoir les combiner intelligemment pour améliorer sensiblement notre gouvernance et avancer.
(C) 2025 Labdi Abdeldjelil