Intelligence Économique & Gouvernance

Il n’y a aucune crise politique ou économique en Algérie : C’est plutôt une crise de valeurs

Il n’y a aucune crise politique ou économique en Algérie et c’est une erreur de le croire.
En Algérie, nous avons plutôt une grave crise de valeurs. Une crise qui est à la fois aigüe et chronique puisqu’elle remonte au moins à une trentaine d’années, sinon plus.
Je dirais même que cette crise de valeurs a bien démarré à notre indépendance. Comment cela ? Je vais vous citer juste un cas concret pour illustrer mes propos.

À l’indépendance de notre pays et suite à sept longues années de lutte pour sa libération, les responsables de l’époque ont proposé à l’ensemble des veuves (femmes) de chahids tombés au champ l’honneur, des postes de femmes de ménage au sein de différentes administrations et institutions du pays. Une veuve de Chahid dont le mari a donné sa vie pour libérer son pays du joug colonial et vous lui offrez un poste de femme de ménage ? Est-ce raisonnable ? Est-ce juste ? Est-ce normal ?

C’est vrai que notre pays ne disposait pas à cette époque de ressources suffisantes pour donner plus. Mais quand même.  Est-ce que le tir a été rectifié plus tard lorsque les ressources financières de l’Algérie se sont améliorées ? Malheureusement non. Est-ce vous savez ce que cela veut dire être une femme de ménage exerçant dans un environnement de machos frustrés ? La réponse est évidente. Mais cela reste un acte qui signifie sans équivoque que les personnes qui ont pris ces décisions sont des irresponsables et des ingrats qui n’ont aucune valeur humaine de dignité ou de loyauté envers ses propres compatriotes morts dans les champs de bataille. Finalement, notre crise de valeurs remonte à loin dans le temps.

C’est quoi les valeurs d’un pays ou d’une nation ?

Un : L’honnêteté et la sincérité des responsables à tous les niveaux.

Deux : La solidarité et l’entraide entre les citoyens.

Trois : La générosité et l’humanisme.

Quatre : Le mérite revient toujours au meilleur d’entre-nous et non au plus mauvais.

Cinq : Les intérêts de la collectivité passent avant les intérêts personnels.

Six : Lorsque l’on exerce une responsabilité exécutive ou politique, nous n’avons pas le droit d’utiliser nos fonctions et postes pour exercer de l’influence afin de s’enrichir ou avoir des privilèges. C’est malsain.

Sept : Les biens de la collectivité sont au service de la collectivité et non au service des personnes qui exercent des fonctions de responsabilité.

Huit : Nul n’a le droit de puiser dans les fonds publics pour s’enrichir.

Neuf : La place d’un voleur doit être dans une prison et non dans un poste de responsabilité.

Et je pourrais continuer ainsi à énumérer une multitude d’autres valeurs qui nous font malheureusement défaut à ce jour et ce depuis longtemps.

C’est cela notre problème et ça n’a rien à  voir avec la politique ou l’économie. Nous avons aggravé notre cas en érigeant la médiocrité en système de gouvernance, et là où il y a une petite lumière qui brille, il faut vite l’éteindre. L’obscurité a toujours régné en maître chez-nous et c’est voulu.

Nous méritons ce qui nous arrive car chacun d’entre-nous a une part de responsabilité (même infime) dans le marasme qui est devenu le notre.

(C) 2019 Labdi Abdeldjelil

 

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