Intelligence Économique & Gouvernance

Quelle est l’utilité d’un ministère de l’économie dans la gouvernance d’un pays ?

En théorie, l’utilité d’un ministère de l’économie dans la gouvernance d’un pays n’est pas à démontrer et elle est essentielle. Ce département ministériel est responsable de la formulation et de la mise en œuvre de la politique économique du gouvernement afin de promouvoir la croissance, la compétitivité et l’emploi.

Les principales missions d’un ministère de l’économie pourraient être les suivantes :

▪︎ Définir la politique économique du gouvernement. Cela implique de fixer des objectifs en matière de croissance, d’emploi, d’inflation, de balance des paiements, etc.

▪︎ Mettre en œuvre la politique économique du gouvernement. Cela implique de mettre en place des mesures concrètes, telles que des réformes structurelles, des investissements publics, des politiques fiscales ou monétaires.

▪︎ Gérer les finances publiques. Cela implique de préparer le budget de l’État, de collecter les recettes fiscales et de gérer les dépenses publiques.

▪︎ Défendre les intérêts économiques du pays à l’étranger. Cela implique de négocier des accords commerciaux, de promouvoir les investissements étrangers et de protéger nos entreprises à l’étranger.

Un ministère de l’économie efficace est essentiel pour la bonne gouvernance d’un pays. Il joue un rôle crucial dans la promotion de la croissance économique, de l’emploi et du bien-être de la population.

En période de crise économique, un ministère de l’économie peut mettre en place des mesures de soutien à l’économie, telles que des baisses d’impôts, des aides aux entreprises ou des investissements publics.

Un ministère de l’économie peut également contribuer à la création d’emplois en soutenant les secteurs économiques dynamiques, en encourageant l’innovation ou en facilitant l’accès à la formation professionnelle.

Enfin, un ministère de l’économie peut jouer un rôle important dans la promotion du commerce extérieur, qui est essentiel pour la croissance économique.

L’utilité d’un ministère de l’économie dans la gouvernance d’un pays est donc indéniable. Il est un acteur clé de la politique économique du gouvernement et joue un rôle important dans la promotion de la croissance, de l’emploi et du bien-être de la population.

Est-ce que l’Algérie dispose d’un ministère de l’économie ?

La réponse est bien évidemment non. Toutefois, de nombreux ministères tentent de pallier du mieux qu’ils peuvent à ce manque. Deux ministères en particulier jouent ce rôle : Il s’agit du ministère des finances ainsi que celui du commerce.

Pourquoi l’Algérie ne dispose-t-elle pas encore d’un ministère bien régalien de l’économie ?

En réalité, l’Algérie a toujours disposé d’un bien puissant Ministre de l’Économie mais qui a toujours été caché à l’opinion.

Qui est alors ce mystérieux Ministre puissant de l’économie ?

Il s’agit tout simplement du Président de la République. C’est lui qui joue le rôle de ministre de l’économie, c’est lui qui dicte la vision économique et la stratégie à mettre en place dans le pays. Rappelez-vous !!! Qui a pris, dans un passé très récent, la décision de se débarrasser de la dette extérieure de l’Algérie allant à l’encontre de tous les avis émis par les organismes financiers et monétaires internationaux ? C’était feu Abdelaziz Bouteflika.

L’idée principale défendue par cet homme était que nous devrions financer notre économie avec notre propre argent et non à travers le crédit. Est-ce une bonne décision ? Je ne saurais répondre honnêtement à cette question et l’avenir nous éclairera là-dessus.

Toujours est-il que nous constatons que les économies de toutes les puissances mondiales fonctionnent grâce au crédit et ce sans exception aucune (USA en tête, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Corée du Sud, Brésil et j’en passe). Même les pays en voie de développement vivent du crédit sans oublier les pays les plus pauvres qui fonctionnent grâce aux dons et aussi au crédit.

Notre pays à vécu pour sa part, le début des années 90, une très douloureuse expérience avec le FMI lors du réechelonnement de notre dette extérieure. L’Algérie a perdu quelque peu de sa souveraineté laissant le soin aux organismes financiers internationaux (FMI et Banque Mondiale) de décider de notre sort. Aucun dirigeant Algérien ne souhaiterai revivre cette expérience et c’est tout à fait compréhensible et légitime.

Je vous rappelle que l’Algérie a achevé le remboursement anticipé de la totalité de sa dette rééchelonnée. L’encours de la dette extérieure est passé de plus de 33 milliards de dollars en 1996 à moins de 4,5 milliards de dollars en 2007. Le FMI conjointement avec la Banque mondiale a classé l’Algérie au titre du pays le moins endetté des 20 pays de la région MENA dans un rapport daté de 2012.

Est-ce que c’était nécessaire de le faire (à l’époque) au lieu tout simplement d’attendre que les échéances arrivent à terme. Nous avons donc payé par anticipation des intérêts qui auraient pu être payés beaucoup plus tard. Qu’avons-nous gagné de particulier ?

La centralisation de la décision économique stratégique reste toujours d’actualité et c’est toujours le Président de la République qui décide des grandes orientations de l’économie nationale.

La preuve ?

L’histoire recente de notre souhait d’adhérer impérativement aux BRICS. La communication officielle a durant presque toute une année évoqué le sujet tout en mettant en avant que l’adhésion de notre pays aux BRICS serait la solution à tous nos « soucis ».
Malheureusement, cela ne s’est pas concrétisé lors du dernier sommet des BRICS en Afrique du Sud en août 2023 et la candidature de notre pays à été rejetée.

Pourquoi la candidature de notre pays à été rejetée ?

Est-ce que nous ne vérifions pas certains critères ? Si oui lesquels ?

S’agit-il d’une trahison de nos partenaires traditionnels (Afrique du Sud – Russie & Chine) ou du moins d’une absence d’un ferme soutien ? Si c’est le cas, pourquoi cela ?

En ce moment (et selon la communication officielle), le dossier des BRICS est definitivement clos et l’engouement pour cette adhésion a bien été refroidi. Est-ce une bonne chose de ne pas être en 2024 dans les BRICS ? Attendons encore quelque peu pour voir plus clair et restons fidèles et en conformité avec notre propre culture :
عسى أن تكرهو شيئا وهو خير لكم و عسى ان تحبو شيئا وهو شر لكم

Est-ce juste de laisser incomber la responsabilité de la destinée économique d’un aussi grand pays comme l’Algérie sur les épaules d’un seul homme ?

Est-ce qu’il ne serait pas plus sage de partager cette responsabilité entre différents acteurs qu’ils soient formels ou informels ?

Pour ma part, j’estime qu’il faut remettre en selle le ministère de l’économie qui aura pour principale tâche de coordonner la planification de nos grandes décisions économiques.

Bien entendu le rôle d’une entité comme le Conseil National Économique et Social/CNES (Enlevez SVP le terme environnemental de son appellation officielle qui ne fait que réduire son importance) devra être revu et corrigé pour en faire notre premier garde-fou national en terme de décisions stratégiques engageant l’avenir de la nation.

(C) 2024 Labdi Abdeldjelil

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